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Raymond Pedrot, Maire du V° arrondissement de Paris.

(19 mai 1914 - 20 octobre 1995)

décembre 1944, dans son bureau de maire

Raymond Pédrot, c’est une vie tout entière consacrée à la Mairie du Ve arrondissement de Paris, à ses administrés, à ses écoles, à ses associations, à toutes les actions qui pouvaient améliorer et enrichir la vie des enfants comme celle des adultes. Il fut le plus jeune maire d'arrondissement de Paris, et a assuré ces fonctions, sous diverses dénominations administratives, pendant 35 années.

Trente-cinq années dédiées au service public, qu’il décrit lui-même fort bien dans son discours d’adieu à la Mairie, le 2 juin 1981 : « Ma vie fut une vie de militant. Militant politique dans ma jeunesse. Militant politique sous l’occupation, parce que c’était faire œuvre politique que de prendre position à ce moment pour la lutte contre l’oppresseur nazi, même si mon action dans la Résistance fut, somme toute, modeste. ../.. Militant politique encore pendant la période intermédiaire qui alla de la Libération de Paris et de mon entrée [à la Mairie du Ve arrondissement] le 19 août 1944 jusqu’au 20 février 1946. ../.. Et puis, militant social dès après ma nomination au poste de Maire puisque, représentant le Préfet, je choisis la totale neutralité et je me suis efforcé à l’indépendance de mon esprit : cette indépendance je l’ai gardée jusqu’à maintenant. J’ai en effet côtoyé ici et dans mes autres tâches, nombre d’hommes et de femmes dont les éthiques étaient différentes de ce que pouvait être ma propre philosophie et je n’aurais pas accompli ma tâche si je n’avais pas cherché à comprendre les points de vue qui s’offraient et qui pouvaient s’opposer, pour pouvoir décider en toute liberté de pensée. C’est ainsi que j’ai servi Paris. »

Raymond Pédrot est né le 19 mai 1914 à Paris dans le XVIIe arrondissement. Pupille de la Nation, il effectue ses études primaires puis secondaires à Orléans, au Lycée Pothier. Après des études supérieures à la Sorbonne, il devient instituteur en 1937. Mobilisé en 1939, il est nommé Caporal-Chef Infirmier. Il est démobilisé à Lyon fin février 1941, après avoir été interné en Suisse en juin 1940. Parallèlement à ses fonctions d’instituteur, il s’engage dans la Résistance début 1943 et devient membre, puis Vice-président, du Comité local de Libération clandestin du Ve arrondissement de Paris. Il entre dans la Mairie du Ve à la tête du Comité le 19 août 1944 en fin d’après-midi.

À partir de ce jour, et jusqu’en juin 1981, sa vie fut consacrée au Ve arrondissement de Paris. Acteur infatigable, il a mis son mandat de Maire au service des aspects sociaux et culturels de son administration. Il a créé pour la plupart, puis constamment soutenu et développé, de nombreux organismes dont le but était d’améliorer la qualité de vie de ses administrés, et plus particulièrement de celles et ceux qui pouvaient en avoir le plus besoin : Fédération des Œuvres laïques de la Seine, Caisse des écoles, Comité des fêtes et Œuvres de solidarité, Centre régional de Paris pour l'enfance et l'adolescence inadaptée, Office municipal des sports, Conservatoire municipal, Orchestre symphonique municipal, Coordination des services sociaux, Société centrale d'éducation et d'assistance pour les sourds-muets en France ...

Son épouse Christiane a partagé avec Raymond Pédrot, non seulement les joies et soucis de la Mairie, mais aussi les mêmes valeurs et le même sens du bien commun. Tout en exerçant une activité professionnelle très prenante, elle l’a accompagné et soutenu dans toutes ses entreprises : que de soirées, de dimanches, de vacances, consacrées aux enfants, à leurs problèmes, à leurs activités, à leur bien-être.

Raymond Pédrot a été Président, Président d’honneur ou Vice-président de très nombreuses associations : 5e Section de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance ; Fédération des œuvres laïques de la Seine; Président de la Société des amis de la maison d’enfants de Sèvres (dès 1947) ; 5e Section de la Ligue des droits de l’Homme ; Société centrale d’éducation et d’assistance pour les sourds-muets en France ; Comité de Paris de la Jeunesse au plein air ; Centre régional pour l’enfance et l’adolescence inadaptées ; Délégation départementale de l’Éducation nationale ; Coordination des services sociaux ; Société archéologique « La montagne Sainte-Geneviève et ses abords ».

La nation lui a décerné de nombreuses marques de reconnaissance: Chevalier de la légion d’Honneur ; Médaille de la Résistance ; Officier des palmes académiques ; Officier de la santé publique ; Médaille de vermeil de la Croix-rouge française ; Médaille de bronze de l’Académie de médecine.

Une mention particulière doit être faite de son action en faveur de la Maison d’Enfants de Sèvres. Il lui a consacré temps et énergie, et les liens que lui-même et son épouse ont tissé pendant de longues années avec les enfants sont encore très présents à la mémoire de ceux-ci. Citons de nouveau à ce sujet son discours d’adieu à la Mairie en juin 1981 :

« La Maison d’Enfants de Sèvres a été une de mes préoccupations majeures dès après la Libération : cette Maison, créée sous l’occupation par Mme Hagnauer et qui recueillit dès cette époque des enfants de familles dispersées, certains même arrivant directement des camps, risquait de n’avoir plus le soutien nécessaire à sa survie si l’Etat ne l’avait prise en charge. »

« J’ai eu le bonheur de servir de lien entre l’Inspecteur Général Maurice David, qui représentait l’enseignement, et le département de la Seine représenté par Henri Vergnolle, qui ont associé leurs efforts pour que cette Maison d’Enfants devienne Maison du département de la Seine. »

« Lors de l’éclatement du département, le « jus loci »* a fait que la Maison de Sèvres est passée sous le contrôle du département des Hauts de Seine et nous avons à nous féliciter de la compréhension de ce département qui a maintenu les traditions de cette Maison, ses traditions pédagogiques, d’essence decrolyenne, ses traditions familiales, ses traditions humaines. »

« Je salue Yvonne et Roger Hagnauer, je salue l’actuelle Directrice Mme Lespine qui a maintenu haut et ferme le flambeau et je salue quelques uns des anciens de la Maison, ceux qui y sont entrés pendant l’occupation ou à la fin de celle-ci. »

« Cette maison où nous sommes [la Mairie du Vème arrondissement] a servi de lieu à un certain nombre se mariages de ces anciens que j’ai eu le plaisir de célébrer ».

Sa modestie et son sens de l’humour sont tout entiers dans cette dernière phrase de son discours d’adieu à la Mairie du Vème : « ce n’est pas forcément déchoir que de quitter la Montagne Sainte-Geneviève pour le Mont Saint-Michel ».


* "jus loci" = droit local