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Souvenirs de l’internat  (1978-1987)

(texte reçu le 24 mars 2005 par le net.)

Si un ancien ou une ancienne souhaite laisser un message à Cécile Peynaud née Besson voici son adresse antispambernard.peynaud@9online.fr

J’étais à l’internat à la maison d’enfants de Sèvres de 1978 à 1987. Pour moi, la M.E.S comme nous l’appelions, étais pour moi une seconde famille. Je n’ai connu qu’Orchidée comme directrice. À une époque elle avait deux chiens et à chaque fois qu’elle arrivait quelque part, ses chiens la précédaient  et on pouvait savoir où elle était. Elle passait des fois dans les dortoirs, et je souviens d’un soir où elle passa et au dortoir nous écoutions une chanson de Johnny Hallyday où il répétait plusieurs fois « je t’attends » et elle avait répondu : « il est patient ». Je n’oublierais jamais les matins où nous étions rassemblés dans la salle des fêtes pour attendre les professeurs, elle arrivait  avec eux, montait sur l’estrade, alignait bien ses pieds au rebord des marches et attendait le silence en se frottant les mains. Quand il y eut le silence, elle disait ce qu’elle avait à dire et nous envoyait en classe.

 De mes premières années là-bas, je ne m’en souviens plus beaucoup, j’y suis rentrée en classe de CE 2 avec Primevère en institutrice et Myosotis en monitrice. Le mercredi nous avions des activités, danse avec Anne, musique avec Granit et Gazelle et céramique avec Gisèle. Nous retournions chez nous le samedi après-midi après la cantine. Sauf pour certains d'entre nous qui restions deux semaines sans sortir, pour ma part je rentrais tous les samedis.

 En CM 1, j’ai eu comme institutrice Bouton d’Or et comme monitrice Jonquille, et en CM 2 j’ai eu comme institutrice Hirondelle et Caribou en monitrice. Durant ces deux années, en hiver nous sommes allés à Laguiole pour faire du ski. Nous avions école le matin et ski l’après-midi et le lendemain nous avions ski le matin et école l’après-midi, nous visitions aussi les environs.

Du CE 2 au CM 2, j’ai eu danse folklorique avec Anne si je me souviens je crois qu’elle avait un accent de l’est, je n’aimais pas beaucoup ses exercices d’échauffement  et surtout ses exercices rythmiques où elle inventait un air en frappant dans ses mains et nous devions le reproduire.

 Nous avions Chinchilla en anglais elle avait son cours dans le cabanon à côté de la salle de musique. Elle nous apprenait l’anglais  avec des figurines en feutre sur un tableau, en mai de mon année de CE 2 je suis allée en Angleterre dans une famille.

 Du CE 2 à la 3e, j’ai eu Gisèle en céramique. Avec elle, en C.M.2,  j’ai réalisé pleins d’objets comme des moutons, des vaches, puis en 5e  j’ai réalisé une fontaine comme celle qui est sur la place de la République à Paris, le Cheval de Troie avec ses guerriers, une main tenant un verre, la carte de l’Égypte en relief.  Le mardi soir, j’avais tournage avec Kaolin et j’ai crée des vases.

 Arrivée au collège, j’ai eu en français Camélia (de la 6e à la 3e), elle était gentille, mais  j’avais très peur d’elle, dès qu’elle rentrait dans la classe, j’étais comme terrorisée. Un jour, alors que je me rendais chez Orchidée pour lui remettre une lettre, comme je n’avais pas peur de la directrice, je lui donne mon papier tout en lui parlant tranquillement, mais quand je vis que Camélia était dans la salle avec nous, elles ont vu que je me suis redit. À midi de cette journée, Orchidée me plaça exprès avec Camélia à table, j’en fus malade de tout le repas.

En histoire-géographie, j’ai eu Jaguar, (de la 6e à la 3e), il était génial, il me faisait rire quand il commençait à écrire au tableau, il écrivait avec une très belle écriture puis en cour de texte, son écriture devenait plus classique. Nous nous disputions quelquefois pour certaines dates. Lorsqu’un élève parlait dans son dos, il se retournait et lançait la craie ou l’éponge, et il fallait le lui rendre. Il avait l’habitude de m’emprunter mes compas que je n’ais jamais revus, il oubliait souvent ses clés, un jour que j’étais en 4 e  où 3e,  alors que je rangeait la classe parce que Camélia me l’avait demander un garçon de 5e , arriva dans la classe et me dit qu’il pouvait m’enfermer dans la classe car il avait trouvé un trousseau de clés, après lui avoir demandée de me les données car je savais que ces clés appartenaient à un prof mais je ne savais à qui…

Nous sommes allés au réfectoire, le garçon voulait fermer toutes les portes à clés,  je lui redemandais de me donner les clés, mais comme il ne voulait pas je suis parti m’asseoir. Peu de temps après, le garçon appela, car il avait coincé les clés dans la porte du réfectoire, comme je n’arrivais pas à les décoincer je retournais m’asseoir, mais je n’étais pas tranquille. Soudain, je vois Jaguar arriver dans notre réfectoire demandant si quelqu’un avait trouvé ses clés. À ce moment-là, je rentrais dans un vrai cauchemar, aussitôt les clés retrouvées, je fus accusée par le professeur d’espagnol, car je fus la dernière à table. Tout de suite, je me mis en colère, personne ne put me calmer, finalement Alpha arriva, il me prit à part dans la volière où après m’avoir réconfortée, je lui donnais le nom du coupable, ensuite il m’envoya dehors pour me calmer et je tombais sur Érable, comme lui aussi il était très gentil avec moi, il me réconforta en parlant avec moi.

 Que dire de Drakkar, je l’ai eue de la 6e à la 3e , en sciences naturelles et physiques, je n’ai pas grand-chose à dire, je n’ai jamais eu de problème avec lui.

 Alpha était un professeur de mathématiques qui savait se faire écouter, certains élèves en avaient « peur ». Il enseignait les mathématiques aux élèves de 4e et 3e. Suivant les années, il enseignait aussi aux 6es et aux 5es. D’une année sur deux il suivait ses élèves, donc certains d’entre nous l’avaient de la  6e à la 3e alors que d’autres ne l’avaient qu’en 4e -3e.

 Quant à moi, j’ai eu affaire à lui pour la première fois, j’étais en 6e, mais il n’était pas mon professeur. Ce jour-là, nous avions reçu en visite des enfants de C.M.2 d’un autre internat, qui devaient passer en 6e chez nous. En fin de journée, j’avais eu cours d’anglais, je m’étais disputée avec une camarade et comme je ne voulais pas descendre avec ma classe, le professeur d’anglais (je ne sais plus son totem) me dit : «Tu viens avec nous où je vais chercher Alpha ! » Comme je ne voulais pas descendre, la classe partit sans moi. Je ne connaissais de lui que son côté sévère que j’avais entendu en échos par des élèves de 5e  et par mon frère qui l’avait déjà depuis un an, mais cela ne m’a pas empêcher de l’attendre. Quand il est arrivé, il s’est approché de moi, il m’a écouté puis nous sommes descendus, il a été très gentil avec moi.

L’année suivante, je l’ai eue en 5e . J’étais un peu terrorisée comme tous mes camarades, un jour il m’interrogea au tableau et comme je n’étais pas très bonne en maths, j’avais peur qu’il se fâchat. On m’avait dit, « s’il remonte ses manches c’est qu’il est en colère et s’il retire sa montre ça va barder. 

Certains soirs avant qu’il ne parte, j’allais le voir à sa voiture pour lui demander qu’il me donne les résultats des matchs de football, ce qu’il faisait le lendemain matin où je l’attendais près de la cloche. Il me donna une année le résultat des élections présidentielles américaines. Certaines fois, il s’amusait à me mettre en colère quand je disais : « qu’il fallait que je monte en haut », il me répondait toujours « que je ne pouvais pas monter en bas », ce qui me mettait en rage (il aurait été mon père, ce que je considérais, je lui aurais sauté dessus). Il m’appelait souvent « Napoléon » parce que j’avais toujours un livre de lui dans la poche. Un jour je l’ai appelé « François-Joseph », et en hommage à lui, j’ai gardé ce surnom et j’en suis fière. Alpha a été plus qu’un professeur, c’est un modèle de père pour moi qui n’en avais pas, à un point que la semaine où il fut absent pour cause de voyage avec les 3es,  la classe de mon frère, je n’étais pas bien.

 Du CE 2 à la 3e, j’ai eu Sirocco en gymnastique, il avait une façon de demander le silence en sifflant. Il s’occupait des spectacles. Je n’aimais pas beaucoup quand il nous faisait courir dans la cour en plein hiver, en nous disant de respirer par le nez pour éviter les poings de côté, personnellement je n’y arrivais pas, j’avais toujours la sensation d’avoir du sang dans le nez. Quelquefois il nous faisait faire le très grand tour, c'est-à-dire : la cour et le château, et sa course d’endurance, il fallait courir pendant un laps de temps. Durant ces cours de gym, à tour de rôle, un élève montait sur l’estrade pour montrer les exercices à faire.

 En 1985, Granit et Gazelle sont partis, ils ont été remplacés par Érable, avec lui l’orchestre a été réduit à quelques flûtes, mais je crois qu’il était aussi professeur de français. Il était gentil avec moi. Le lundi soir après la répétition de la chorale, je restais avec lui pour ranger le piano et nous discutions. En cours de musique, quand nous apprenions les partitions pour accompagner la chorale, nous étions trois, quatre flûtes soprano et une flûte alto, moi en l’occurrence.

 J’ai connu M. et Mme Serres-Baudis, elle était gentille, je me souviens le soir quand j’étais en CM , je devais faire des exercices avec mes pieds et j’arpentais le couloir de l’infirmerie, elle était là pour me soutenir, et il y avait aussi Martin-pêcheur.  M Serres-Baudis, il travaillait dans une aile du château et quelques fois j’allais le voir, ils étaient très gentils tous les deux.

 En conclusion, je n’ai eu pratiquement qu’une école et c’est celle-ci, à la fin en 4e-3e , j’ étais la "douairière" en âge et durée et je connaissais tous les recoins par cœur, j’y étais bien…

 Merci à tous les enseignants et à Orchidée… Si j’en oublie, j’en suis désolée, mais ils seront comme les autres à jamais dans mon cœur.

Cécile BESSON, ép. Peynaud
(à Sèvres de 1978 à 1987).

Lire aussi deux témoignages sur la Maison :
En 1946, nous étions trop désorientés, mon frère et moi… (extraits du livre "Un arbre en Israël" de Gilbert Martal),
…Elle restait là des heures entières… (extraits du livre "Une fille sans histoire - roman" de Tassadit Imache).

et
Une école pas comme les autres - (1971-1974) - Annie Labbe
La Maison de Sèvres et les cadeaux de son enseignement - (1945-1949) - Michel Leleu
Jeannine se souvient - (1947 - 1950) - Jeannine Granvilliers

Je viens de découvrir avec émotion - Didier Martin
Mon Vichy, mes biscottes - Didier Martin
Ancien du Château de Bussières ! - Gilles René Villeroy
Je viens de recevoir le nouveau bulletin - Muriel Baghioni-Lavigne
J'ai gardé un très bon souvenir de la Maison - Jacqueline Guilhem-Demirci
À la recherche de mon enfance - Didier Martin
La veille des grandes vacances - Cécile Besson-Peynaud
Un château inestimable - Annie Burggraeve-Rocca
Tout commence en 1971 - Julia Sabot-Favre
Il y avait un prof de danse - Ludovic Kalita
Jupiter, Flamand rose…- Christian Carmona
Je l'attendais depuis tellement longtemps… - Danielle Lewis Bendaoud
Zora, une nouvelle ancienne…- Zora
Souvenirs en vrac 1945-54… - Fortunée Metz
Le secret du buffet - Didier Martin
Une colère de Pingouin - Didier Martin
Quelle surprise en allant sur le net - Cristiane Aquilina
C'était ça aussi la Maison de Sèvres - Jean-Michel Gleyze
Dans nos courriels - Jean-Bernard Gageot, Marie Dominique Liégeois
J'ai vu une petite fille nommée Lotta…- Josiane Bourgeon-Austruy
J'y étais ! Chorale 1981 - 1983…- Sandra Gonzalez
Des années heureuses, 1947-1948-France Amerongen
Contes de Sèvres… et du Michigan… - Dominique Morin

Caravelle (lino)

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