Sommaire

Document : Rue Amelot

J. Jacoubovitch

Traduit du yiddish par Gabrielle Jacoubovitch-Bouhana

1. Lexique

Nom de personnes - Avant propos : Malgré nos recherches et nos investigations, un certain nombre de renseignements n'ont pu être retrouvés. Nous nous sommes également efforcés, lors de la traduction du yddisch, de rétablir l'orthographe usuelle des noms propres. Peut-être n'y avons-nous pas toujours réussi. Nous nous en excusons vivement. Je tiens, par ailleurs, à remercier tous ceux qui ont bien voulu, en plus de leurs multiples occupations, vérifier le résultat de la traduction et des recherches : Georges Glaeser, Henri Minczeles, Annette Wieviorka, Georges Zilber. Sans oublier Michelle Freoua qui m'a secondé avec enthousiasme et efficacité dans mes investigations.

ALPERINE (Abraham Danoïlovitch)
Né en Russie, il quitte le pays à la révolution et arrive à Paris dans les années 20. De formation scientifique, il travaille dans le secteur de la recherche médicale et devient un. grand industriel en inventant et commercialisant le dentifrice Sanogyl. Durant les années de guerre, toujours présent lorsque l'on fait appel à sa générosité, il fait partie du bureau exécutif du Comité "Amelot". Il est recruté par David Rappoport à sa libération de Drancy (cf. son chapitre dans "l'un des 36"). Se consacrant à la formation des jeunes, il devient après la guerre président du bureau exécutif central de l'ORT dont il avait été un membre fondateur. Il participe, avec Isaac Schneerson, à la création du Centre de documentation juive en 1943. Il décède dans sa 80e année.

AVERBOUH (Enéa)
Assistante sociale de l'OSE pendant la guerre. S'occupe de la recherche de familles d'accueil pour les enfants, crée un réseau d'aide dans la région parisienne. Entre dans la clandestinité sous un nom d'emprunt qui lui permet de continuer à s'occuper de la délivrance de faux papiers d'identité, de cartes d'alimentation et du contact permanent avec les enfants. A partir de 1943, passe à la clandestinité avec l'OSE. Début 1944, elle quitte Paris sur les conseils de membres de l'UGIF et se réfugie dans la Nièvre.

BANTCHEWSKI Abraham (Docteur)
D'origine polonaise, membre de la Colonie Scolaire dès 1926, adhérant à la Fédération des Sociétés Juives de France, il poursuit sa collaboration avec le Comité Amelot à Marseille. Il est arrêté sur dénonciation, avec son fils, et disparaît dans un camp de concentration.

BARUCH Henri, (Docteur)
Né le 15 août 1897 dans le Morbihan, fait des études de médecine et se spécialise en neuropsychiatrie. De 1931 à sa retraite en 1968, est médecin-chef du service des aliénés à l'hôpital de Saint-Maurice. Durant la Seconde Guerre mondiale, ami de David Rappoport et de J. Jacoubovitch, il dispense gratuitement des consultations de neuropsychiatrie et de médecine générale au dispensaire "La mère et l'enfant". Peut-être à cause de sa notoriété et de sa nationalité française, il n'a pas été inquiété par les Allemands. Humaniste, étudiant l'hébreu et suivant de près la tradition hébraïque, il tente lors de ses recherches de trouver dans le cadre biblique des éléments pouvant alimenter ses théories médicales. Il décède en 1995.

BAUR (André)
Né à Paris dans une famille de banquiers, neveu du grand rabbin Julien Weill, il reçoit la croix de guerre en 1939. Président de l'Union libérale israélite, ancien président du Keren kayemet, il acquiert rapidement une autorité incontestée au sein du Comité de Coordination, puis de l'UGIF - deux organisations qu'il préside. Amené de nombreuses fois à entamer des négociations avec les Allemands, il joue un rôle de tout premier ordre dans la lutte pendant les années de guerre. Arrêté par la Gestapo le 21 juillet 1943, déporté avec sa famille en décembre 1943 à partir de Drancy, il meurt à Auschwitz en avril 1944.

BLOCH (Rabbin Elie-Léopold) 1909-1943
Il apporte son aide au Comité Amelot, dont il reçoit une subvention régulière et travaille avec Marcelle Valensi au sauvetage des enfants. Arrêté le 11 février 1943, avec sa femme et son bébé, il a fait parti du convoi n° 63 vers Auschwitz.

BOYER (Madame)
De son nom de jeune fille Halina Rozenberg, elle avait près de 40 ans pendant la Seconde Guerre mondiale. Infirmière de formation elle travaillait dans les dispensaires communistes de banlieue. Assistante sociale au dispensaire La mère et l'enfant, cette fonction la mettait en rapport avec l'orphelinat de La Varenne. Après la guerre, elle travailla au COJASOR. Elle est décédée en 1994.

BOYER (Monsieur)
Epoux de la précédente, il a rendu d'immenses services, notamment en se rendant dans les camps lorsque Mme Valensi, en tant que juive, n'avait plus le droit d'y pénétrer.

BURKO (Madame)
Donnait pendant la guerre des leçons de yddisch dans la cantine de la Rue Richer.

BYL (Jacob)
Né en Pologne en 1889, il vient à Paris en 1926. Il participe à la fondation de la Colonie Scolaire et durant toute la guerre participe activement au Comité Amelot. Il est arrêté par la police française deux mois avant la Libération et réussit à se faire reconnaître comme un délinquant de droit commun. Après la guerre, tout en étant salarié par la Colonie Scolaire, il poursuit son activité de bénévolat auprès de cette dernière. Retraité, il s'installe en Israël et y décède en 1985.

CHARAVNER (Monsieur)
Membre fondateur de la Colonie Scolaire en 1926, il est arrêté en 1942 alors qu'il tentait de passer la ligne de démarcation.

CHEVALLEY (Lucie)
Née en juillet 1882, fille du pasteur Auguste Sabatier. Après l'obtention de son doctorat de droit pour lequel elle a du lutter. (les femmes n'ayant pas encore accès au concours d'agrégation. elle devient présidente du Conseil International des Femmes. Elle est ensuite amenée à suivre son mari en Egypte puis au Liban. Là, le spectacle des réfugiés affiuant d'Europe centrale et de Russie la bouleverse. De retour en France en 1920, elle comprend la nécessité de créer un organisme privé d'aide et de soutien aux réfugiés en difficulté. Elle lance la Section française du Service International d'Aide aux Emigrants, appelé plus tard Service Social d'Aide aux Emigrants (SSAE), et en est la présidente de 1932 à 1964. C'est en tant que telle qu'elle est chargée des rapports entre le Comité Amelot et les responsables de la Fédération réfugiés en zone sud. Elle contribue par le biais de son association à la dispersion de près de 500 enfants. Elle crée également, en 1928, un service de protection des femmes employées dans l'agriculture, composé d'assistantes sociales. Pendant la guerre, elle transporte l'argent destiné au paiement des enfants cachés dans les fermes, dans des pelotes de laine qu'elle tricote dans les trains. Sa générosité, son intrépidité, son charme ont été reconnus par tous. Elle est décédée en 1979, à l'âge de 97 ans.

COURBET (Madame)
Employée de l'OSE, non-juive, elle contribua au placement des enfants. Elle poursuivit son activité à l'OSE de Marseille après la guerre.

DANNECKER (Théodor) 1913-1950
Arrivé à Paris le 12 août 1940, ce SS Obersturmfürher est chargé de la "question juive". Proche collaborateur d'Adolf Eichmann à Berlin, c'est dans le service qu'il y dirige que mûrit l'idée de créer un organisme chargé de répertorier, donc de surveiller, tous les israélites de France. Ce sera l'UGIF créé fin 1941[9].

DANON (Elie)
Répondant favorablement à la demande d'Elie Kruker, il entre au Comité de Coordination. Il devient responsable du service des cantines.

DARQUIER DE PELLEPOIX (Louis) 1897-1980
Commissaire général aux Questions Juives (CGQJ), réfugié après la guerre en Espagne, remplaça Xavier Vallat, en mai 1942, jugé "trop mou". Il constitue le 8 juillet 1942 une liste des 28 000 Juifs à arrêter. Il ordonne à l'UGIF de dissoudre sa 4e direction (jeunesse) et d'assurer la dissolution immédiate des E.I.F (Eclaireurs Israélites de France).

DOBRINSKY (Véra)
Née à New York lors d'un séjour sous un nom d'emprunt de son père, Arkadi Kremer, un des fondateurs du Bund, elle est officiellement enregistrée à Vilna en 1903. De ce fait elle n'a pas pu bénéficier de la nationalité américaine au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Remerciée de son poste d'institutrice lors de l'occupation allemande, elle est engagée comme assistante sociale par le dispensaire La mère et l'enfant début 1941. Elle est chargée tout particulièrement de l'aide aux familles des fusillés, puis des déportés. Elle refuse la carte de légitimation de l'UGIF, cette dernière ne lui inspirant pas confiance. Française par son mari, peintre de l'Ecole Juive de Paris, elle se sent toutefois menacée et passe en zone libre en septembre 1942.

EBSCHTEIN (Robert)
Collaborateur de la Fédération des Sociétés Juives de France, il s'est occupé tout particulièrement des centres régionaux d'évacuation d'enfants de l'OSE. (départements de la Drôme et de l'Ardèche).

FRANCK (Louis)
Secrétaire général du Comité de bienfaisance, il est arrêté par Dannecker et incarcéré à la prison de la Santé.

GETTING (Joséphine)
Amie du professeur Minkowski, elle occupait un poste élevé dans la section "Activités sociales" de la Croix-Rouge Française et fait partie de ce que l'on nommait "L'Equipe Berri". Elle dirige au sein de l'UGIF un service clandestin de placement pour les enfants de déportés. Arrêtée le 29 juillet 1943, elle meurt en déportation, de même que sa secrétaire à la Croix-Rouge, Mme Gurfinkel.

GLAESER (Léo)
Né à Riga en 1877, militant du parti sioniste socialiste, il est arrêté et banni par le tsar en 1906. Libéré, il arrive à Paris en 1908, après un séjour à Heidelberg. Il entreprend des études de droit et devient avocat. Président de la Ligue pour les Juifs Opprimés, créateur de la Kultur Ligue à Paris, en 1920, membre du Comité Central de la Fédération, présent à la première réunion de l'ORT, ses activités culturelles et politiques n'ont jamais cessé. Très efficace au Comité Amelot, il est arrêté dans la région lyonnaise par la milice en juin 1944 et fusillé à Rillieux-la-Pape le 29 juin sur ordre de Paul Touvier.

GLAESER (Marguerite)
Épouse de Léo Glaeser, elle est très efficace dans la marche de la cantine de la rue Richer car elle a géré son propre restaurant.

GRINBERG (Reuben)
Né le 12 septembre 1888 à Prouskorov (Ukraine). Arrive à Paris aux alentours de 1907 pour y effectuer des études de mathématiques. La révolution russe de 1917 le contraint à ne pas rentrer dans son pays. Il y retournera plus tard avec la mission Nansen. A Paris, il travaille à la Banque Juive, puis prend la direction de l'ORT France. C'est un membre actif de la Fédération des Sociétés Juives de France. Ses liens d'amitié, qui datent de l'enfance, avec David Rappoport l'entraînent à participer au Comité Amelot. Lors des premières grandes rafles, il quitte Paris avec sa famille pour suivre l'ORT, d'abord à Marseille, puis à Voiron. Il devient président de la Fédération, après la guerre, puis il prend sa retraite en Israël. Il décède le 4 avril 1970, à Genève, auprès de sa fille.

GRINBERG (Cécile)
Fille du précédent. Morte en déportation.

IKA (Madame Ika)
De son vrai nom Esther Rivka Richter, elle naît en Pologne en 1887. Elle s'intéresse à la politique dès l'âge de 15 ans, adhère au Bund de Varsovie et milite ardemment. Son activité d'aide et d'assistante se polarise sur les maisons d'enfants. Installée à Paris, elle poursuit son militantisme au Bund. Refusant de quitter la cantine de la rue Vieille du Temple qu'elle gère, elle reste à Paris pendant la guerre. Arrêtée en 1941, elle meurt d'une crise cardiaque au Fort de Romainville, le 5 octobre 1942.

ISRAELOVITCH (Léa) et BIBERSTEIN (Wilhelm)
Conseillers auprès du Comité de Coordination, agents de liaison auprès des SS, membres du Judenrat de Vienne où leurs familles sont retenues en otages. Monnayant la sécurité de leurs familles contre leur propre embrigadement, ils obéissent aux ordres de l'occupant et établissent le compte rendu des réunions juives auxquelles ils assistent obligatoirement. Peu de renseignements sur Biberstein, plutôt effacé. Ils sont arrêtés le 29 juillet 1943, puis déportés vers Auschwitz. Les deux hommes ont été des agents efficaces de l'appareil répressif allemand. Selon des confidences de Léo Glaeser à son fils Georges, Israelovitch laisse entendre au cours de la première réunion "qu'il ne fallait pas trop parler en sa présence." Certains renseignements n'ont pas été transmis à Dannecker. Il ne prit jamais le moindre risque pouvant le mettre en danger mais il eut parfois des paroles ambiguës qui permettaient de comprendre que quelqu'un était en danger.

JARBLUM (Marc)
Il naît à Varsovie en 1880. C'est l'un des fondateurs du Poale sion en Pologne où il est emprisonné. Il s'installe à Paris à sa libération, en 1907, et continue son activité dans son parti. En 1925, il fonde la Fédération des Sociétés Juives de France. Il représente les sionistes socialistes lors du congrès de la Ile Internationale. Pendant la guerre, refusant les contraintes imposées, (Xavier Vallat voulait qu'il fasse parti de l'UGIF), il quitte Paris pour Lyon, alors en zone libre et entre dans l'action clandestine. Il se réfugie en Suisse en 1943, où il organise l'accueil des enfants. Il rentre en France à la Libération, et est un des leaders du Poale sion en France où il déploie une inlassable activité. Il décède en Israël en 1972.

KLEIN (Martin) = WEBER
Représentant des Juifs hongrois à Paris (voir Cercle des Immigrés).

KOULICH (1880-1960)
Né en Russie, il fait ses études dans une yeshiva. Au début de ce siècle il arrive à Paris. Il devient membre honoraire de la Colonie Scolaire et s'occupe tout particulièrement de la cantine de la rue Richer. Aimant la littérature, surtout yddisch, il multiplie les acquisitions d'ouvrages qu'il cache précieusement pendant la guerre. A la Libération il met ses livres à la disposition de tous et crée une bibliothèque rue de Turenne. Des rencontres et des débats y sont organisés. Il meurt en 1960. Ses ouvrages sont actuellement conservés à la bibliothèque Medem, sous un fond qui porte son nom, et à celle du CDJC.

KRAMARZ (Nathan)
Né le 28 mars 1904, responsable pendant la guerre du HICEM, il est arrêté dans les locaux de l'UGIF à Brives, le 3 avril 1944. Déporté par le convoi n° 73, le 15 mai 1944 vers Kaunas (camp de torture, avant exécution)...

KREMER (Aaron)
Journaliste, membre du Poale sion de droite il est arrêté et déporté en tentant le passage clandestin de la ligne de démarcation.

KRUKER (Elie)
Juif d'origine française, ancien président de la FSJF et de l'Association des anciens combattants Juifs dans l'armée française. Il participe à la demande d'Alphonse Weill au Comité de Coordination. Peu à peu, ses positions politiques et ses méthodes autoritaires lui aliènent la plupart des membres, ce qui pousse Dannecker à le renvoyer.

LEVINSON (Madame)
Amie de Mme Boyer, épouse d'un.avocat.

LEVITTE (Simon)
Considéré comme un des leaders de la jeunesse sioniste, il est le secrétaire général de la Fédération sioniste de France. Il est l'un des fondateurs du Mouvement de la jeunesse sioniste (décembre 1941-mai 1942) et partisan d'une liaison étroite avec les Éclaireurs israélites de France. Son activité militante s'est poursuivie au sein de l'Organisation Juive de Combat (OJC).

MINKOWSKI Eugène (1885-1973)
Né à Saint-Pétersbourg en 1885. Médecin, puis professeur, il se consacre à l'étude de la schizophrénie. En 1915, il s'engage dans l'armée française puis s'installe définitivement à Paris et devient président de l'OSE en France à la veille et pendant l'Occupation. Lors de la Seconde Guerre mondiale, malgré la débâcle, il refuse de quitter la capitale. Son action est alors en grande partie clandestine. Aux côtés de Jacques Rabinovitch, il collabore à un service qui fournit des faux papiers aux Juifs en difficulté.

MOLINA (Madame)
Issue d'une famille alsacienne naturalisée française durant la Révolution, elle avait une quarantaine d'années pendant la guerre. Ayant travaillé avant-guerre à l'Assistance Publique elle y avait conservé de nombreuses relations qui l'ont alors aidé. Ses connaissances de la législation sociale et juridique furent d'un grand secours.

MUSNIK (Fernand)
D'origine lituanienne, il est le commissaire national adjoint des Éclaireurs israélites de France. Membre du Conseil d'administration de l'UGIF (zone nord), il est arrêté et déporté en 1944.

NAJMAN (Chil)
Né le 1er février 1894 à Varsovie, d'un père pâtissier, il débute ses études dans une école religieuse de sa ville natale. A 11 ans il est apprenti dans le travail du cuir. Peu à peu, il se rapproche du Bund. Arrêté par la police du tsar en 1912, puis relâché, il reprend ses activités militantes et devient le secrétaire général du Bund pour toute la confrérie du cuir de Pologne. Il participe aux grandes grèves de 1917. En 1925, il est tailleur à Paris, a quitté le Bund et milite aux côtés des communistes. Il revient à ses origines bundistes en 1938, et entre dans la Résistance. Arrêté par les Allemands en 1943, il parvient à s'échapper et continue, sous une fausse identité, ses activités clandestines. En 1948, il participe à New York à la création de l'Organisation mondiale pour la culture bundiste et à la Conférence mondiale du Bund. Il meurt à Paris en 1953 d'une crise cardiaque. Il fut l'un des principaux leaders bundistes en France.

OGUSE ou OGUS ou OGUZE
Socialiste de cœur, parfois proche des communistes malgré son appartenance au Bund, il est membre du Comité Amelot dont il dirige le dispensaire. Secrétaire, puis président de la Kultur Ligue en 1937.

ARAGER-OGUS (docteur)
Épouse du précédent.

OKS (David)
Membre du Poale sion de gauche, il est arrêté le 13 juin 1943 et assassiné dans un camp allemand. Animateur du restaurant de la cantine de la rue Béranger, il partage le bureau de David Rappoport et est arrêté en même temps que lui. Il fit partie du convoi n° 55, avec l'épouse de David Rappoport.

RABINOVITCH (Jacques)
Avocat s'occupant de régulariser la situation des Juifs étrangers. Conseiller juridique de l'UGIF. Anime en compagnie de Léo Glaeser un cabinet de consultation juridique au 48, rue d'Enghien, Paris l0e, où il loge clandestinement.

RAPPOPORT (David)
Né en Ukraine en 1883 - Issu d'une famille pieuse, il entreprend des études rabbiniques tout en s'intéressant également à la littérature, aux arts plastiques, aux sciences sociales. Très jeune, son esprit critique le pousse à avoir des activités militantes et politiques. Son adhésion au Poale sion de gauche lui donne l'occasion de faire l'apprentissage du travail clandestin. Il voyage à travers l'Europe, puis s'installe à Paris. Il crée, avec son épouse, une petite agence de photos. Dès l'accession d'Hitler au pouvoir, il se consacre à l'accueil des réfugiés fuyant le nazisme. Il dirige le Comité Amelot, est arrêté par la Gestapo en juin 1943. Déporté à Auschwitz, il y meurt en juillet 1944.

REICHMAN ou RICHEMAN
Ophtalmologiste, président de l'Union des Juifs de Pologne, il travaille à la Colonie Scolaire, puis au Comité Amelot, avant de quitter Paris. Selon une lettre de Jacoubovitch consignée dans les archives du YWO, il aurait averti le Comité Amelot de l'arrivée de Dannecker.

RYBA (Dinah), née Honigsberg
Née le 24 mars 1909 à Lodz et décédée le 8 octobre 1992 à Montréal. Issue d'une famille religieuse aisée, Dinah Honigsberg commence des études au lycée Habas où elle entre en contact avec un groupe d'étudiants juifs socialistes. Parmi eux, celui qui deviendra son futur époux, Rafal. Le jeune couple séjourne ensuite à Vilno où Dinah poursuit ses études tandis que son mari travaille au Bund et est fonctionnaire à l'Hôtel de Ville. Recherchés pour leurs activités politiques, Dinah et Rafal se réfugient à Paris en 1931. Dinah entreprend alors des études d'histoire en Sorbonne et participe en 1933 à la création du SKIF (mouvement socialiste juif de l'enfance) dont elle devient l'une des éducatrices. En 1940, elle rejoint son mari qui vient d'être démobilisé à Marseille. Le couple obtient un visa pour les États-Unis qu'il refuse finalement, préférant revenir à Paris pour y poursuivre un travail clandestin au Bund, aux côtés de Mme Ika. Très vite recherchés, et en danger, Dinah et Rafal profitent d'un visa accordé par l'Union des travailleurs suisses pour se réfugier dans ce pays. Revenus à Paris après guerre, et comptant alors parmi les rares rescapés de cette mouvance politique, ils prennent un temps la direction du Bund.

SACHS (Marcel)
Naît à Paris en 1883. Rabbin à Saint-Etienne, puis à Paris (synagogue Notre-Dame de Nazareth), il devient directeur du Consistoire central. Durant les premières années d'Occupation il est nommé secrétaire général du Comité de Coordination. C'est contre sa volonté qu'il devient peu à peu l'interlocuteur privilégié de Théodor Dannecker. Il prend contact avec le Comité Amelot après le départ de Richemond.

SADOWSKI
Allemand, animateur de la 3e section des renseignements généraux. (cf. Maurice RASJFUS, "La Police de Vichy", éditions du Cherche-midi, 1995).

SALOMON (Zahar)
Issu d'une famille de pelletiers d'origine russe, c'est adolescent qu'il vient en France avec sa famille. C'est en raison de son amitié avec Juda Jacoubovitch qu'il participe à l'action du Comité Amelot.

SCHACHNOWSKI (Nathan)
Plus connu sous le nom de Nathan, il est responsable avec Mme Ika de la cantine du Cercle Amical. Arrêté en 1941, en même temps qu'Ika, il est aussitôt relâché grâce à l'intervention de cette dernière. Son épouse Myriam, non-juive d'origine allemande, réussit avec l'aide de la concierge de l'immeuble, à cacher dans la cave les 5 000 ouvrages de la bibliothèque MEDEM. Elle a obtenu la médaille des justes de Yad Vashem.

SCHULMAN (B)
Arrêté en qualité de gérant de la cantine de la rue Richer, puis déporté. Sa libération a pourtant été obtenue, mais en vain, le convoi était déjà parti.

SHAPIRO
Animateur du Yddische Vinkl (le Foyer Juif), participant au Comité Amelot dès ses débuts, il est arrêté et interné en qualité de citoyen américain dans un camp réservé aux ressortissants des pays en guerre contre l'Allemagne, probablement à Vittel.

STERN (Juliette)
Assistante sociale, amie du professeur Eugène Minkowski, dirigeant de L'OSE. Juliette Stern dirigeait le service social de l'UGIF ainsi que la WISO. Elle organise un service de placement clandestin des enfants à l'intérieur même de l'UGIF. Près de 1 000 enfants ont été ainsi placé dans des familles "aryennes". Arrêté au cours d'un déplacement en province elle disparaît en déportation.

STORA Marcel (1906-1943)
Originaire de France, secrétaire personnel de Laval jusqu'en 1940*, il succède à Elie Kruker au poste de secrétaire du Comité de Coordination où il travaille en collaboration avec André Baur. Il devient ensuite délégué de l'UGIF et participe à de nombreuses négociations avec Dannecker et les autorités allemandes. Il est arrêté par Brunner en septembre 1943 et déporté à Auschwitz (convoi n° 63). C'est son intervention qui a sauvé Eugène Minkowski de la déportation.

*Note du webmestre du 15 février 2013 : Une confusion très ancienne des prénoms s'est faite avec l'assistant parlementaire (ou secrétaire particulier) de Laval, Roger STORA. Vous pouvez consulter à ce sujet le travail de Michel LAFFITTE (“Un engrenage fatal” (2003), “Juif dans la France allemande” (2006)).

Une autre personne nommée STORA mais prénommée André est aussi évoquée par J.Jacoubovitch (http://lamaisondesevres.org/ame/ame3.html au paragraphe : "Cartes de légitimité").

TCHARNOBRODA Elie (1900-1975)
Né en Pologne dans une famille pratiquante. Il s'intéresse à la politique après des études dans une Yeshiva. Il poursuit ses activités au sein du Bund en Allemagne, en Belgique, puis à Paris. En 1931, il participe à la création de L'Arbeter-Ring (Cercle Amical) et travaille aux côtés de Mme Ika dans la cantine de la rue Vieille-du-Temple. Réfugié à Lyon, il continue son activité auprès des sociétés juives. Arrêté, il réussit à s'évader. Après la Libération, il se consacre totalement aux œuvres sociales de L'Arbeter-Ring. Il meurt en 1975.

TOPCZA (Judith)
Née en Russie en février 1903, elle se lie très tôt au mouvement Poale sion, dont l'idéal oriente totalement sa vie. Pédagogue, elle travaille auprès des enfants dans diverses écoles en Pologne. Elle arrive à Paris en 1934 et poursuit ses activités politiques et éducatives. Pendant l'Occupation, refusant de quitter Paris, elle dirige un foyer d'ouvriers d'où partent des colis destinés aux Juifs internés dans les camps en France. Elle apporte son aide aux femmes de déportés et aux enfants seuls. Arrêtée en septembre 1942, elle est déportée vers Auschwitz avec d'autres membres du foyer ouvrier le 28 septembre 1942 par le convoi n° 38.

VALENSI (Marcelle)
Ancienne assistante sociale de la Croix-Rouge, amie de Mme Boyer. Au sein du Comité Amelot, elle s'efforce de résoudre les problèmes les plus urgents des internés dans les camps français. Dès 1941, son action se concentre sur la libération d'enfants et d'adolescents et leur placement dans des familles d'accueil. Le Rabbin Bloch l'aide constamment dans ses actions.

WALK (Falk)
Né en 1883, de nationalité polonaise, collaborateur de l'OSE depuis sa création en 1912. Devient membre du Comité Directeur après son transfert à Berlin. Dès l'occupation allemande, il choisit le travail clandestin et refuse la carte de légitimation. Il reste à Paris avec d'autres collaborateurs pour assurer la permanence des bureaux avenue des Champs-Elysées. Son rôle est essentiel : repérage en province de familles d'accueil, placement des enfants, contrôle de leur qualité de vie. Falk Walk est le premier cadre de l'OSE a être arrêté, en janvier 1943. Envoyé à Drancy, il est déporté à Auschwitz le 11 février 1943 par le convoi n° 47.

WEILL (Alphonse)
Premier président du Comité de Coordination des Œuvres de Bienfaisance. Arrêté sur l'ordre de Dannecker en juin 1941.

WEILL (Julien)
Né en 1873 à Versailles d'un père rabbin, il devient grand Rabbin de Paris en 1933. Engagé dans la Résistance et s'occupant du sauvetage des Juifs dès août 1940 il a toujours refusé de coopérer avec l'occupant. Il refuse d'obéir à la demande de Dannecker, arrivé depuis peu dans la capitale, de devenir le représentant des Juifs auprès de ses services. Il est déporté en Allemagne, d'où il revient, et meurt à Paris en avril 1950.

YOUCHNOVETZKI (Docteur et Madame)
Originaires tous les deux de Byalistock, et proches du mouvement Poale Sion de gauche, ils ont consacré leur vie à protéger les enfants tant au sein de l'association des originaires de leur ville qu'au sein de la Colonie Scolaire et du comité Amelot. Tous deux ont considérablement œuvré pour le bon fonctionnement de ces deux organismes. Plus connus sous l'abréviation de Monsieur et Madame Y, ils ont principalement participé au sauvetage des enfants. Ils sont décédés tous les deux en 1966.

ZYSMAN (Berthe)
Née dans un petit village de Pologne, le 23 octobre 1919, de père tailleur, elle émigre à Paris avec sa famille en 1931 pour s'installer dans le 4e arrondissement de la capitale. Son père est arrêté lors de la grande rafle du 11e arrondissement et aussitôt déporté. En 1941, elle entre comme bénévole à la Colonie Scolaire où elle s'occupe tout particulièrement des femmes juives en difficulté.

Grâce à David Rappoport qu'elle côtoie dans ces locaux, elle devient la secrétaire de Jacoubovitch. A ses côtés, elle se met alors au service des enfants. Durant toute cette période sa participation au Comité Amelot est constante. En 1943, elle rejoint sa famille en zone libre et ne revient à Paris qu'après la Libération.

2. Lexique

Organisations et évènements -

Alliance Israélite Universelle
Née de l'idée d'égalité et de liberté pour tous, concept inhérent à la Révolution française, elle est fondée en 1860 à la suite de l'enlèvement à Bologne, en 1858 du jeune Eduardo Mortara, baptisé en cachette par une servante chrétienne. Il ne s'agit pas seulement pour les 17 membres fondateurs de créer un mouvement international, mais d'enseigner le judaïsme comme humanisme. Quelques années à peine après sa création, l'Alliance intervient dans différents pays d'Europe, participe à des conférences et développe un vaste programme d'institutions scolaires en France comme à l'étranger. En 1940, l'Alliance s'installe à Vichy, mais elle est expulsée à Marseille. L'Occupation ne change pas l'importance qu'elle accorde à la gestion de son réseau scolaire. Sa priorité est d'éviter de tomber sous la domination nazie. Sa bibliothèque a été pillée par les Allemands dès leur entrée à Paris. Certains fonds n'ont pas pu être récupérés. En 1945, l'Alliance rentre à Paris et entreprend un travail de reconstruction.

Ambassade d'Allemagne (Attentat contre...)
Le 29 octobre 1938, Hitler fait expulser vers la Pologne les Juifs polonais résidant en Allemagne. Le gouvernement polonais en parque 12 000 dans un "no man's land" à Szbonszyn. Herschl Grynszpan, âgé de 17 ans, dont la famille a été martyrisée, séjourne chez un oncle à Paris. Le 7 novembre 1938, il se rend à l'ambassade d'Allemagne pour tuer l'ambassadeur mais abat d'un coup de revolver le conseiller Von Rath. Ce meurtre sert de prétexte au déclenchement en Allemagne de "La Nuit de Cristal" du 9 novembre 1938.

Grynszpan est arrêté, mais le gouvernement français refuse son extradition. Au cours du procès, le jury reconnaît les circonstances atténuantes et il est condamné à une longue peine de prison. Il est livré aux Allemands dès leur entrée à Paris le 14 juin 1940. Son sort n'a jamais été éclairci. Un procès, semble-t-il devait être préparé par les nazis, comme en fait foi un document conservé au CDJC.

Bund
Organisation sociale démocrate des ouvriers juifs, le mouvement naît dans la clandestinité à Vilna, en 1897. C'est un des groupes fondateurs de la social-démocratie russe. Premier parti juif politique marxiste, socialiste et laïque, le Bund rassemble de très nombreux Juifs de Pologne, Lituanie et Russie, qui tous luttent contre l'autocratie tsariste. Bien plus qu'une simple formation politique, le Bund a développé un véritable mouvement culturel. Arkadi Kremer, émigré en France, compte parmi l'un de ses membres fondateurs.

Quelques années après sa création, une diaspora bundiste apparaît dans différents pays d'Europe. En France, à l'image de son grand frère russe, le Bund est constitué de divers cercles de militants, dont le Medem club et l'Arbeiter Ring (Cercle amical). Il gère également une cantine et un journal Unzer Schtime (Notre voix). Durant la guerre le Bund mène une propagande active pour la culture juive et le socialisme. Il procède également au sauvetage de centaines d'enfants juifs, organise toute une filière de conception de faux papiers, participe à la fondation du CRIF, fin 1943.

En France, à l'image de son grand frère russe, le Bund est constitué de divers cercles de militants, dont la Jeunesse Socialiste Juive, le SKIF (Sotzialistische Kinder Farband), Le Medem Club devenu le Cercle Amical (Arbeiter Ring), une bibliothèque qui prend le nom de Medem (un leader du Bund), une cantine et un journal quotidien Unzer Schtimé (Notre Voix).
Durant la guerre, le Bund , mène une grande activité clandestine : protection de la population juive, faux papiers, subsides aux plus nécessiteux, sauvetage des enfants, tracts et journaux en yddisch, etc.

A la libération, le Bund reprend et poursuit ses activités politiques, sociales, et culturelles, sous la direction de ses principaux leaders dont: Alexander Mink, Chil Najman, Raphaël Ryba et Faywel Schrager.
(pour de plus amples détails se reporter à l'étude d'Henri Minczeles parue dans Le Monde juif, n° 154, juin 1995).

Cantines
Au nombre de sept, crées avant guerre, intégrées à l'UGIF. Rue de Saintonge (Paris 3e), Rue Richer (Paris 9e) Yddische Vinkl Fédération, Rue Elzévir (Paris 3e), Comité de bienfaisance (Paris 8e) fondée en 1809 par le Consistoire, Rue Vieille du Temple (Paris 3e) Cercle amical, Rue Béranger (Paris 3e) Poale sion de gauche, Rue de Turenne (Paris 3e).

Elles distribuent des repas gratuits ou à prix modiques et constituent un chaleureux lieu d'accueil et de rencontres. Leurs activités redoublent pendant la guerre et forment la pièce maîtresse de tout le système d'assistance. En même temps elles deviennent des pièges permettant les rafles. D'où le choix impossible des dirigeants. Fermer eût été aggraver sans recours la misère de milliers de personnes. Ces cantines n'existent plus aujourd'hui. Mais la Rue Béranger garde une certaine activité. Il faut savoir également que la cantine de la rue Vieilledu-Temple abritait une bibliothèque publique de prêt, la bibliothèque MEDEM. Pendant la guerre, les 5 000 livres qui constituaient son fond ont été cachés au sous-sol de l'immeuble [10]. La bibliothèque Medem est actuellement la plus grande bibliothèque yiddisch d'Europe avec plus de 30 000 ouvrages.

Cercle amical (Arbeiter Ring)
La section culturelle et d'entraide du Bund. La cantine est très fréquentée. Présentement, elle groupe les activités culturelles de la mouvance bundiste ou proche du Bund. Son nom est le Cercle amical "Centre Wladimir Medem". Elle dispense des cours de yddisch à plus d'une centaine d'élèves et représente un des facteurs de la communauté juive.

Cercle d'émigrés
Durant l'entre-deux-guerres, les Juifs d'Europe centrale et orientale sont nombreux à choisir la France, pays des libertés, comme terre d'exil, mais également en raison de la loi des quotas aux États-Unis, laquelle, à partir de 1924, restreint considérablement l'entrée dans ce pays. Ils créent un grand nombre d'organisations communautaires et politiques recouvrant l'ensemble de leurs activités et de leurs besoins. Ces organisations leur permettent de se réunir en fonction de leurs convictions politiques et religieuses, de leurs affinités, de leurs origines.

La Colonie Scolaire (36, Rue Amelot)
Fondée en 1926 par David Rappoport et Juda Jacoubovitch, la Colonie Scolaire a pour mission la création d'écoles complémentaires pour les familles des Juifs immigrés. En 1930, elle crée un service médical qui dispense des consultations gratuites et devient, en 1933, le dispensaire La mère et l'enfant. Au cours de cette même période, elle loue puis achète un immeuble à Berck-Plage qui héberge, pendant les vacances scolaires, les enfants des familles en difficulté. Durant l'Occupation, la Colonie Scolaire se met totalement au service du judaïsme en distribuant des repas gratuits, en organisant des passages clandestins en zone sud. Elle aide également les internés des camps français. A la Libération, la Colonie Scolaire reprend son activité "normale" et s'occupe tout particulièrement des enfants des déportés.

Comité de bienfaisance
Fondé en 1809, et situé à Paris, rue Rodier, il était chargé de répartir des secours aux familles nécessiteuses.

Comité de coordination des Œuvres de bienfaisance juive du grand Paris (siège: 17, rue Saint-Georges, Paris 9e)
Créé à l'initiative des Allemands le 31 janvier 1941, le Comité a pour mission de regrouper toutes les organisations juives afin de mieux répertorier et surveiller la population israélite. Ce comité correspond, lors de sa création, à un réel besoin des organisations d'aide sociale désireuses d'unir leurs actions. Il devient rapidement le centre de ralliement d'un grand nombre de Juifs. Le comité est efficace bien qu'il agisse sous l'entier contrôle de l'occupant allemand. Son premier président a été Alphonse Weil, arrêté en juin 1941.

Dispensaire "La mère et l'Enfant"
Situé 36, Rue Amelot, dans le 11e arrondissement de Paris. Parallèlement à son activité médicale et sous couvert de son appellation philanthropique, il cache toute l'activité de "Rue Amelot".

Dispensaire Tiomkine
C'est au cours de la Seconde Guerre mondiale que Tiomkine crée le dispensaire, en souvenir de son fils mort au combat. Il se situe alors dans les locaux de l'OSE, rue Rodier. Rapidement les émigrants des pays de l'Est viennent augmenter le nombre de personnes nécessiteuses. Répondant au besoin croissant d'aide et de soutien psychiatrique, le professeur Eugène Minkowski (alors encore docteur) crée lui aussi un centre médical spécialisé dans l'hygiène mentale. Ce centre bénéficie de l'hospitalité du dispensaire Tiomkine. C'est dans ces locaux que se déroulent certaines réunions du Comité Amelot.

Après la guerre, et suite à de nombreux déménagements, mais aussi à cause de conflits avec l'OSE, le dispensaire Tiomkine est contraint de cesser d'héberger le centre d'hygiène mentale. Depuis 1961, le Centre Minkowski se situe rue Saulnier et continue de dispenser des soins psychiatriques et neurologiques.

Fédération des sociétés juives de France
Créée dans les années 20, prend la suite des "Sociétés juives de Paris". Composée principalement de juifs d'origine étrangère, c'est l'organisation la plus représentative des immigrés et elle regroupe la presque totalité des associations crées par ces derniers, à l'exception de celles d'obédience communiste ou bundiste. Très active dans le domaine social, sans caractères politiques bien affirmés, elle n'en est pas moins un lieu de débats et de rencontres. Elle ne fonctionne que grâce aux dons qu'elle reçoit. L'aide au travail, au logement, administrative et financière constituent l'essentiel de ses activités.

A la création de l'UGIF, la FSJF décide de se dissoudre et d'intégrer le nouvel organisme. Ainsi, sans existence officielle, elle peut mieux poursuivre dans la clandestinité son travail d'aide et de soutien. La Fédération des sociétés juives de France existe toujours au 68, rue de la Folie Méricourt dans le 11e arrondissement de Paris.

HICEM
(Hebrew Immigrants Aid & Sheltering)
La branche française est fondée en 1927, ses fonds proviennent d'organisation américaines. Son activité, centrée principalement sur l'aide aux candidats à l'immigration, s'intensifie au cours des années d'occupation malgré l'obligation qui lui est faite de maintenir de constants rapports avec l'occupant pour l'obtention des visas nécessaires. Adhérant à l'UGIF à sa création, il cesse ses activités officielles en 1942 lors de la fermeture des frontières (juillet 1942) et les poursuit dans la clandestinité.

Joint
L'American Joint Distribution Committee, communément appelé Joint, en France, a une action philanthropique et sociale : aide directe, assistance aux enfants, dons de vêtements, de livres, orientation professionnelle.

Sans activité réelle en France, le Joint appuie financièrement les sociétés juives existantes. A partir de 1933, avec l'afflux des immigrants de l'Est les aides financières augmentèrent considérablement. En 1940, le Joint a ses bureaux à Marseille, puis après l'occupation de la zone sud de la France, il s'emploie à la fourniture de faux papiers d'identité, et à l'aide aux "passages des frontières".

LICA
La Ligue internationale contre l'antisémitisme, fondée dans les années 20 par Bernard Lecache, est aujourd'hui appelée LICRA. C'est, dès sa naissance, une organisation d'auto-défense. Ses adhérents ne se rassemblent pas autour d'une idéologie commune, mais sont réunis dans le seul but de combattre l'antisémitisme et, maintenant, également, le racisme. Ils diffusent depuis le début, le journal "Le droit de vivre".

Orphelinat de la Varenne
Créé avant-guerre, il appartient à une organisation religieuse. Pendant la guerre, il est confié à la Colonie Scolaire qui le restitue après le conflit. Il abrite, en plus de son effectif, beaucoup d'autres enfants juifs. Nombre d'entre eux ont pu être cachés en province, mais certains, malgré le concours d'habitants de la région, ont été déportés à Auschwitz. Quelques bâtiments achetés dans cette même cité par la Colonie Scolaire fonctionnent toujours pour accueillir des orphelins.

ORT
L'Organisation, Reconstruction, Travail, est créée en Russie en 1880. Son objectif est la réinsertion des Juifs dans les professions dont ils ont été écartés depuis des siècles. En 1920, l'ORT décide de devenir internationale. C'est à cette date qu'elle s'implante en France. Elle y crée des écoles, des installations techniques, des institutions sociales.
La Seconde Guerre mondiale stoppe sa pleine croissance. Elle est contrainte d'intégrer l'UGIF. Malgré l'assurance de "légalité" conférée par cette dernière, de nombreux établissements de l'ORT sont détruits. Son administration est obligée de partir en zone sud et doit déménager à de nombreuses reprises. Ce n'est qu'en 1944 que l'ORT se résout à entrer en partie dans la clandestinité. Depuis cette date, il a ouvert de nombreux centres techniques et' professionnels dans toute la France.

OSE
C'est en 1912 que quelques philanthropes russes fondent, à l'instigation des barons De Guinzbourg, l'Œuvre de Secours aux enfants. En 1923, sous la présidence d'Albert Einstein se crée l'Union des Sociétés OSE. Entre les deux guerres, son activité se développe dans les pays de l'Est de l'Europe. Sa création française date de 1933 ou 1935 (les deux dates sont avancées). L'OSE France est d'abord dirigée par le professeur Minkowski qui développe principalement une activité d'assistance médicale et sanitaire aux enfants juifs. Dès le début de la guerre, avec l'afflux des réfugiés, l'OSE intensifie son action et de nombreux centres régionaux entrent dans l'action clandestine: sauvetage des enfants juifs, organisation de convois en partance vers la zone sud, puis vers l'étranger, aide médico-sociale dans les camps français. Son incorporation au sein de l'UGIF en mars 1942, la pousse à renforcer son action clandestine, puis à passer dans la clandestinité à l'automne 1943. Beaucoup de ses membres sont arrêtés, nombre de ses établissements (caches, foyers) sont détruits. A la Libération commence pour elle une grande période de reconstruction.

Poale sion
Constitué de divers groupes apparentés à la gauche sioniste, il est fondé en Russie en 1899. De conviction socialiste et marxiste. Les membres de ces groupes politiques sont liés par un sort social commun qui les détermine à lutter pour une concentration territoriale en Palestine. Au fil des années et des luttes, le mouvement s'est scindé en deux. Toutefois, en France, les branches de gauche et de droite, n'ont jamais été des organisations de masse. Leur audience tenait au fait que le sionisme, avec les vagues d'antisémitisme, devenait une force politique de plus en plus importante. Si le mouvement en son nom propre n'est pas très actif pendant la guerre nombre de ses membres ont été des héros.

Quakers
Il s'agit d'un mouvement anglais, né du protestantisme local au 17e siècle. La société des Quakers s'est structurée au cours de ce siècle en Angleterre et en Amérique du Nord en un mouvement en marge de l'Église. Par ses valeurs, son engagement égalitaire (anti-esclavagiste, par exemple), et son engagement social, le mouvement a été en butte aux pouvoirs constitués. Son œuvre dans les camps d'internement français a été remarquable. Les Quakers ont, entre autres tâches, fait parvenir aux organisations juives des fonds en provenance du Joint. À noter qu'après la guerre, en 1947, les comités américains et anglais ont reçu le prix Nobel de la paix.

UGIF
L'Union générale des israélites de France est créée à la demande des Allemands et par l'entremise de Vichy, le 23 novembre 1941. Elle reprend la plupart des membres du Comité de Coordination des Œuvres de Bienfaisance. Officiellement, sa mission est de protéger et de secourir les Juifs français, à représenter leurs intérêts auprès des pouvoirs publics. Ses fonds proviennent en grande partie du Fond de solidarité. L'affiliation des Juifs y est obligatoire. En fait, l'UGIF met sous sa tutelle administrative la population israélite, notamment dans les domaines de l'assistance, de la prévoyance, de l'enseignement et du reclassement social. Elle prend la relève de toutes les associations de bienfaisance préexistantes, déclarées dissoutes. Alors même que se déroulaient ces événements, l'action de l'UGIF (qui soutient aussi l'action d'organisations clandestines) est contestée, et parfois violemment, entre autres par les militants juifs communistes. Elle refuse de se dissoudre en 1944 et expose ainsi à la rafle ses dernières maisons d'enfants en région parisienne (juillet 1944, rafle de Brunner, 250 enfants pris).

Yddische vinkl
On peut considérer le "coin juif" comme un salon littéraire. Des rencontres et des débats étaient organisés chez Shapiro grand érudit. C'était également un foyer amical où les israélites, principalement de l'Est, recevaient assistance et repas chauds.

Collaborateurs de "Rue Amelot" assassinés par les nazis (liste non exhaustive) :

BANTCHEWSKI (Abraham)
BLUMBERG
BLOMBLATT (ROSEtte)
BORENSZTAJN (Léon)
DOBINE (Motie)
GETTING (Joséphine)
GLAESER (Léo) fusillé par la Milice
GRENIER DOBINE
GRIN (Maurice)
GRINBERG (Esther)
HECKDECHMAN (Henry)
HOCHMAN (Jenny)
JOSSILEVITCH (Albert)
JUDROWSKI (Moïse)
KRUSZANSKI-SCHAMES (Madame)
MUSNIK (Fernand)
OKS (David)
PRISANT (Alexandre)
Rappoport (David et son épouse)
RICHTER (Esther) dit IKA ROUSSAK (Henry)
SALTZFUS (Raphaël)
SCHULMANN (B)
SCHWIRANSKI (Elie)
STERN (Juliette docteur)
SUCHODOLSKI (Docteur)
SZTABZIB
TOPCZA (Mademoiselle)
WLADIMIRSKY (Isidore)
WUHL (Isachar).


[9] Cf. fin du Mémorial (S. Klarsfeld) : pp. 34-36, et son ouvrage "Vichy-Auschwitz" (Fayard, 1983-1985) pour les biographies de Dannecker et autres SS qui dirigeaient l'action antijuive à Paris.

[10] Cf. Schachnowski.


Chapître suivant : Iconographie

Sommaire - Introduction - I Les bases du Comité "Rue Amelot" - II La "Rue Amelot" résiste - III Rue Amelot et le Comité de Coordination - IV Modification dans la structure de Rue Amelot - V L’activité de bienfaisance de rue Amelot - VI Le sauvetage des enfants - VII L’aide des non juifs - VIII De l'arrestation de Rappoport à la libération de Jakub Byl - Lexique Noms des personnes - Lexique Organisations et évènements - Iconographie

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